Il existe une multitude de définitions du “Métavers”, que ce soit dans la littérature scientifique ou dans les médias. Ainsi, si “le concept de “monde virtuel” que sous-tend le Métavers est assimilé par le grand public [notamment] grâce à l’imaginaire déployé dans les industries du divertissement, [...] sa définition reste encore floue pour les consommateurs qui n’en saisissent pas l’intérêt, ni les contours d’usage” [[[Source : Galienni S., Truphème S. (2023), "La vague Web3. Maîtriser les nouveaux codes du marketing 3.0. Blockchain, NFT, DAO, Métavers…", Dunod, p. 116.]]]. Ainsi, selon une étude du cabinet Wunderman Thompson, de 32% de consommateurs mondiaux qui avaient entendu parler de ce terme en juillet 2021, nous sommes passés à 74% en mars 2022. En juin 2023, la dernière étude du Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC) sur les usages immersifs confirmait cette estimation, indiquant que 71,9% des personnes interrogées déclarent connaître le terme “le métavers”, dont 33,8% estiment voir précisément de quoi il s’agit, et 38,7% ne pas voir précisément de quoi il s’agit. L’ étude qualitative que Renaissance Numérique a menée sur les représentations et usages du Métavers témoigne également du fait que si le terme de Métavers est connu parmi des early adopters de casques de réalité virtuelle, il est jugé particulièrement flou.

Un autre signe d’acculturation peut être interprété dans les récents ajouts du mot “Métavers” dans différents dictionnaires. Celui-ci a par exemple fait son entrée en 2023 dans le dictionnaire Le Robert, qui le définit comme un “univers virtuel tridimensionnel persistant offrant à ses utilisateurs, représentés par des avatars, une expérience interactive et immersive”.

Puisqu’il n’existe pas de consensus autour d’une définition du Métavers, il est intéressant de souligner les points communs et les différences qui peuvent exister entre les manières de le concevoir et le définir. Si ses multiples définitions illustrent naturellement des visions différentes, elles reflètent également des enjeux stratégiques et de positionnement d’acteurs (cf. “La chaîne de valeur du Métavers”). Conséquemment, nous présentons ci-dessous quelques définitions afin d’embrasser l’ensemble des caractéristiques pouvant définir le Métavers :

• Matthew Ball, qui dirige une société d’investissement, de conseil et de production d’émissions de télévision, de films et de jeux vidéo, définit le Métavers comme “un réseau interopérable déclinable à grande échelle de mondes virtuels en 3D avec un rendu temps réel, dans lesquels un nombre illimité d’utilisateurs peuvent rester de façon synchrone et persistante, tout en conservant un sentiment de présence individuelle et une continuité dans les données” (Ball, M. (2022). Le Metavers. Comment va-t-il tout révolutionner, de Boeck Supérieur, Louvain-la-Neuve, p. 73.).
• Les auteurs du rapport de la mission exploratoire sur les métavers, commandé par le ministère de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique, considèrent le Métavers comme “un espace virtuel, persistant, avec des données de synthèse tridimensionnelle, qui serait interopérable” (p. 34).
• Alexandre Bouchet, directeur du salon international Laval Virtual, estime quant à lui que le Métavers est “un vaste réseau de mondes et de simulations 3D, persistants et calculés en temps réel, qui par interopérabilité prennent en charge entre eux la continuité de l’identité, des objets, des données et des droits, et qui peuvent être expérimentés de manière synchrone par un nombre très important d’utilisateurs, chacun ayant un sentiment individuel de présence et d’incarnation”.
• Philippe Fuchs, professeur émérite spécialiste de la réalité virtuelle, considère que “la finalité des métavers est de permettre à un nombre illimité d’usagers de partager simultanément des expériences sensorimotrices, cognitives et émotionnelles, qui sont collectives, publiques ou privées, dans un monde artificiel, persistant et évolutif, créé numériquement sur Internet, dans le but d’activités sociales, ludiques, économiques, professionnelles, artistiques ou culturelles” (Fuchs P. (2023), “De la réalité virtuelle aux métavers”, Techniques de l’ingénieur, Innovation | Innovations technologiques, p. 5).